ludopédagogie

Fabrice GRAIN - Consultant / Formateur

Qu'est-ce que la ludopédagogie ?

"Comment avons-nous appris l'alphabet ? En le chantant. Comment avons-nous appris à faire du vélo ? En montant dessus et en pédalant." Voilà tout l'esprit de la ludopédagogie, ou "apprentissage par le jeu". Et la meilleure preuve de son efficacité réside dans le fait que ces champs de compétences sont devenus inconscients, tant ils ont été acquis depuis un âge où l'acquisition par le jeu est spontanée.

Des chercheurs canadiens se sont demandés dans quelle mesure ce qui fonctionne si bien pour les enfants pourrait être mobilisable dans le monde des adultes. En appui des travaux du psychologue Milton Erickson, ils ont développé une méthode de formation transposant une réalité professionnelle dans un autre contexte. "Comment aborder le management par le théâtre ? Comment améliorer sa communication interpersonnelle par des travaux manuels ? Etc."

Une dimension ludique ou métaphorique permet en réalité de prendre durablement conscience des bonnes ou mauvaises pratiques. Qui contesterait par exemple les vertus éducatives des Fables de La Fontaine ?
Au fond, la ludopédagogie ne s'adresse pas à une fonction mais à un être humain, au sens « holistique ». C'est précisément parce qu'un contexte change pour lui, qu'un participant à une formation ressent moins fortement l'enjeu d'apprendre. Il accepte plus facilement de commettre des erreurs, d'en tirer des leçons : il lâche prise.

Ces termes « Ludo » et « Pédagogie » peuvent sembler antinomiques de prime abord, mais qui en s'additionnant sont des accélérateurs d'efficacité.

En effet, si la pédagogie reste l'objectif poursuivi, c'est à dire l'apprentissage, l'entrainement et/ou la maitrise de soi et de son action, la partie « ludique » n'a pour but que d'être un moyen, un outil servant à désinhiber les apprenants en les mettant dans des situations ne correspondant pas à leurs habitudes, à leurs zones de confort (leurs acquis personnels).

L'expérience démontre que lors d'un jeu de rôle « traditionnel » :

•Le participant se met en scène dans une action qu'il a l'habitude d'effectuer et qui est son quotidien
•Il est le plus souvent déstabilisé et sa première remarque est « Je ne fais jamais comme cela d'habitude » ou « j'ai été nul » ou...

Inversement, dès que l'on « sort du cadre » en faisant « jouer » ce même participant dans une situation totalement différente de son quotidien, donc du référentiel des participants et du sien il est en position d'accepter la critique. Cela lui permet de « retirer son armure » de comprendre, d'assimiler les bonnes pratiques grâce aux analogies évoquées lors des débriefings et ainsi en tirer un profit optimum.

En fait, la Ludo Pédagogie reprend la réelle notion du « jeu de rôle », en effet, il s'agit bien de donner un « rôle » au participant et que ce soit un « jeu » pour lui.

Jouer un rôle, c'est tenter des expériences, voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, se créer un référentiel personnel et le confronter aux réactions des autres et de soi même sans être critiquable personnellement car protégé par la notion de « rôle » (ce n'est pas moi, j'ai inventé un personnage, j'ai copié un personnage que je ne comprend pas, etc..)

Enfin, la Ludo Pédagogie apporte une dynamique de formation inégalée, en effet, compte tenu de l'évolution intellectuelle, il n'est plus envisageable de mettre en place des formations ressemblant à une salle de classe (10 personnes assises, 1 debout). Cette technique apporte la possibilité que tous les 11 soient debout et en action.

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Bénéfices associés à la ludopédagogie dans le dispositif de formation

Par le jeu, et notamment le jeu de rôle, la ludopédagogie désinhibe les apprenants en les mettant dans des situations non assimilables à leur environnement professionnel immédiat. Les blocages psychologiques, si nombreux dans les dispositifs classiques de formation, dédramatisent l'apprentissage. C'est bien le goût – intuitif chez l'être humain – du jeu qui génère l'implication des participants à la session proposée.

Par ailleurs, cet espace de temps consacré à l'échange et à la participation, voué uniquement à l'apprentissage – non à la peur d'être jugé sur sa performance – motive les participants à venir plus nombreux. Cela limite les risques d'absentéisme, problématique cruciale en formation, notamment continue. La ludopédagogie a donc un impact positif sur l'optimisation des jours mobilisés pour la formation. Elle apporte, en outre, une puissance de formation inégalée. Sa grande interactivité tient compte de l'évolution des mentalités et du nouveau rapport à la connaissance, à une époque où il n'est plus envisageable de déployer des formats trop académiques ou verticaux. Chaque participant doit pouvoir comparer, tester, jouer, sentir, comprendre afin de s'approprier le contenu qui lui permettra d'être opérationnel le plus rapidement possible, et d'être porteur du concept dans les meilleures conditions. En cela, les outils plus souples et intuitifs, tels que ceux prônés par la ludopédagogie, sont davantage porteurs de responsabilisation et d'autonomie, conformément aux enjeux en contexte d’entreprise.

La «ludification» comme levier de motivation

La LUDIFICATION, c'est l'art d'insuffler du jeu et du ludique dans les activités professionnelles. Comment le manager peut-il actionner ce levier ? Certainement en simplifiant la mission de ses collaborateurs. Simplifier une mission, c'est augmenter le rendement et l'efficacité de la mission tout en rendant cette mission plus légère à porter et à exécuter.

C'est, en effet, la lourdeur et l'inefficacité de ce qui est parfois demandé au quotidien qui décourage et accable les troupes. Bien évidemment, simplifier une mission n'est pas facile, mais cela n'a jamais été aussi important et urgent, compte tenu de la perception d'une majorité de salariés qui ont vécu de longues années pendant lesquelles la brouette des contraintes s'est considérablement remplie sans presque jamais se vider, d'où un phénomène de saturation.

Prenons un exemple décalé pour comprendre la puissance de la simplicité en se posant la question suivante : quelle est la principale vertu d'un moniteur de ski ? C'est de rendre votre technique plus efficace et plus légère. C'est en effet, grâce à l'efficacité et à la légèreté de la technique acquise que le ski devient plus ludique. C'est avec la bonne technique et le bon geste que l'enjeu de rester debout sur ses skis se transforme en jeu... le jeu de la glisse. Avec la bonne technique, avec le bon geste, la piste noire qui était un vrai cauchemar et un vrai enjeu, devient un vrai bonheur et un vrai terrain de jeu !

Face au besoin croissant de jeu et de ludique qui existe chez nos collaborateurs, la question clé à se poser, si l'on veut incarner un manager post moderne, devient donc : Quel est le degré d'efficacité et de légèreté de ce que je propose à mes équipes au quotidien ? Une autre question clé pourrait être : ai-je la capacité de transformer mes propres enjeux en jeu pour mes collaborateurs ? Car transformer mes enjeux en jeu pour les autres, c'est peut- être le meilleur moyen, dans un monde post moderne, de réussir mes enjeux

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